Ahmed OUGRINE
Coordinateur Régional du Partie Tamunt pour les Libertés
Région Fes - Mekenes
Région Fes - Mekenes
Les
partis politiques au Maroc
Un
creuset de serviteurs, au rôle de subterfuge
Le système marocain est
indéniablement multipartite. On n’y compte pas moins de 36 partis dont les deux
tiers ne sont pas représentés au Parlement.
A comparer
proportionnellement à la population globale du Maroc, chaque parti aura à
encadrer un peu moins d'un million de marocain pour se donner une certaine
légitimité, mais en vain.
Le nombre très élevé de 36
partis peut nous réconforter en principe quant à l'avenir de la démocratie dans
notre pays. Hélas, c’est une illusion car leur histoire depuis l’indépendance
est caractérisée par une docilité, une obédience voire une soumission
volontaire aux orientations du pouvoir, hormis quelques contractures légères,
sporadiques avec ce dernier durant les années qui suivirent l’indépendance
formelle du pays. En réalité l’activité politique des partis issus des
tiraillements ayant mis le Maroc sur la voie du multipartisme pour mettre fin
au rêve immolé du parti de l’Istiqlal vers la fin des années cinquante, reste à
plus d’un égard sans intérêt.
Au Maroc le multipartisme
est tronqué, 36 partis par le nombre et zéro par rapport à l’encadrement des
masses. Ils n'ont aucune efficacité, creux sans référence idéologique qui soit
pure émanation nationale. Par contre, ils véhiculent celle rattachée à l’Orient
arabo-musulman préjudiciable aux spécificités culturelles et linguistiques des
marocains sur le territoire de Tamazgha.
Ils n’ont aucune
visibilité encore moins une stratégie pouvant nous permettre de les considérer
comme des forces politiques au vrai sens du terme.
La stratégie déployée par
l’État profond, depuis l’indépendance formelle, a entraîné une banalisation de
l’activité politique des partis frappés de confusionnisme. Le pouvoir les a
réduits à jouer un rôle de figurants sourds et muets. Sourds par rapport aux
doléances des masses laissées pour compte, muets pour absence de communication,
incapables de mobiliser la population pour améliorer le taux très bas de
l’abstentionnisme et l’indifférence des électeurs face à la parodie des
élections successives. D’ailleurs, pour pallier à l’incapacité des partis et
leur sauver la face quant à la mobilisation des électeurs
l’État envisage de rendre le vote obligatoire. Est-il juste d’interdire l'acte
d’abstention qui est une forme ou plutôt un droit d’expression pour l'imposer
et l'amener à devenir un devoir ?
En effet, le pouvoir sait
que s’abstenir est donc un acte qui délégitime le processus politique. Pour
lui, autant de rendre le vote obligatoire. A vrai dire, une telle décision, cet
avatar ne peut pas remédier à la défectuosité du système en place, encore moins
à la tare des partis politiques au Maroc. D’ailleurs, plusieurs pays européens
y ont renoncé après un temps : le Luxembourg, les Pays-Bas, la Grèce et
l’Italie.
A chaque occasion
électorale, les partis sont actionnés comme de véritables marionnettes par le
gouvernement de l’ombre, marionnettiste qui tient toutes les ficèles.
En réalité, les partis
politiques marocains manquent de légitimité sociale, ils l’ont prouvé à plus
d'un titre. Ils n'ont joué aucun rôle pendant le hirak d’Al Hoceima, celui de
Jerada ou du Sud, leur neutralité voire leur absence à l'égard de ces
mouvements revendicatifs était criante. Leur existence au Maroc n'a de sens que
celui de leurs intérêts que partagent leurs responsables serviteurs avec leurs
collatéraux privilégiés et ordinaires des Bureaux politiques. En principe, le
rôle essentiel alloué à la charge des partis politiques, est la construction de
la démocratie. Au Maroc, cette mission est loin d’être assumée par eux, faute
de leur dépendance vis-à-vis du pouvoir et leur détachement des réalités
sociales accablantes dont souffre une large frange de la population.
Par ailleurs, la formation
des différents gouvernements tour à tour par les partis politiques depuis
l’indépendance formelle, n'a pas de quoi se réjouir ni de quoi se vanter. Au
contraire, le Maroc est encore à la recherche de la voie à suivre pour la
construction d’une démocratie. Les partis populistes (PJD en tête) mis sur la
sellette par le gouvernement de l’ombre, ont exécuté excellemment les
recommandations de la Banque Mondiale et du FMI à savoir la refonte de la
caisse de compensation et des retraites. On leur a confié un rôle qu’ils ont
parfaitement accompli au profit du système, celui de conduire les deux derniers
gouvernements pour apaiser les tensions. Au contraire, les problèmes sociaux
dont souffrent les marocains demeurent sans issus car le gouvernement El Othmani
s'est révélé incapable d’apporter des solutions efficaces.
A chaque occasion
électorale depuis l’indépendance formelle tous les partis politiques jouissant
d'un minimum de popularité sont sollicités à participer à la formation des
différents gouvernements. Ces derniers sont appelés à exécuter un programme
recommandé par les institutions financières internationales sous la
bienveillance du gouvernement de l’ombre. L’idée soujacente de l’État quant à
leur participation à la gestion des affaires publiques vise principalement leur
discrédit. C’est le cas des Partis : l’Istiqlal, l’USFP et le PJD, leur
autorité, leur influence et leur prestige seront diminués avec le temps. Ils
seront réduits à ne devenir que des coquilles vides et sans intérêt.
Au suivant, à qui le tour,
qui sera l’heureux élu, parmi les partis en course pour les prochaines
élections. Il sera appelé à conduire la gestion des affaires publiques dans un
climat social très tendu et alarmant dans bien des domaines : le chômage,
la santé et l’enseignement. Le choix est déjà fait cette fois-ci le sort est
jeté sur le parti de la colombe à même de faire face aux problèmes sans fin qui
accablent le quotidien des marocains. Pour qu'en fin de compte à la
fin de sa législature (RNI), à travers les médias officiels, l’État sera
capable de faire avaler à la population, la pullule d'un simulacre progrès,
opéré par son gouvernement de l’étape, formé par les partis à vocation de
subterfuge.
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